La brosse à dent, objet de notre quotidien, que l’on a dans le champ de vision depuis notre naissance (ou presque), que l’on change tous les 3 mois, que l’on choisit avec soin pour sa couleur, sa forme, sa texture, son ergonomie, la souplesse de ses poils…
Nous en utilisons 4 par année, ça paraît peu comme cela, mais sur une famille de 3 personnes, on comptabilise 12 brosses, et rien qu’à l’échelle de la Suisse, cela équivaut à jeter 32 millions de brosses à dent par an. Quand même!
Et si c’était tout simple de découvrir (et d’adopter) une alternative durable? Il existe aujourd’hui plusieurs façons de chasser le plastique jetable de nos salles-de-bain.
La brosse à dent en bambou
Commençons avec le bambou. On considère le bambou comme une ressource renouvelable, car il peut pousser jusqu’à 1m par jour dans des conditions optimales (oui oui, c’est très vite!), sans nécessiter d’arrosage particulier ni d’engrais. Il possède des propriétés anti-bactérienne et imputrescible qui le rendent particulièrement adapté pour cet usage.
Quant aux poils, ils sont le plus souvent fabriqués en Nylon, parfois même à partir de Nylon-6.10, à base d’huile végétale de ricin. Cependant, ces poils n’en sont pas compostables pour autant, et doivent être éliminés avec les autres déchets incinérables.
En Suisse, on retrouve régulièrement dans le commerce les brosses de la marque allemande Hydrophil, ou encore celle de MyBoo, marque française qui en propose de très chouettes avec ce type de Nylon à base de ricin, dont la pointe des poils est colorée pour pouvoir identifier son utilisateur, avec des tailles pour adulte et pour enfant.
Quand la brosse est out, on retire les poils ou on casse la tête, et on composte le manche 100% biodégradable (pour enrichir le sol ou pour produire de la chaleur ou de l’électricité), ou encore on le réutilise selon ses envies et sa créativité – bricolage pour les enfants ou marqueur pour vos petites plantes vertes!
Mais bon, jusqu’à nouvel avis, le bambou ne pousse pas (encore) en Europe, et si ça vient de Chine, qu’en est-il de leur impact carbone, à ces brosses à dent?
La brosse à dent en hêtre
Tout nouvel arrivant sur le marché suisse, on trouve aujourd’hui des brosses à dent en bois de hêtre certifié FSC, provenant de forêts du Toggenbourg (région de Saint-Gall). On en trouve même chez le géant orange! Là, le bilan carbone se réduit drastiquement, même si le hêtre est un bois qui pousse moins vite que le bambou (environ 50cm par an).
L’entreprise familiale Liebwerk qui les produit, y a apposé une gravure pour les différencier – un arbre feuillu, un conifère ou un palmier, représentant les trois différentes zones climatiques de la planète. Le manche enduit de cire végétale est très doux et l’expérience est vraiment super agréable.
Par contre, les poils sont en Nylon traditionnel, soit du Nylon-6.12, polymère dérivé du pétrole, moins écologique donc que le Nylon fabriqué à partir d’huile de ricin, mais l’entreprise est en train de travailler sur l’adaptation de cette variante.
Pour le moment, le Nylon-6.12 est particulièrement adapté pour ses propriétés hygiéniques et sa souplesse.
Les recherches actuelles dans l’industrie textile se portent d’ailleurs sur la création d’un « bionylon » à base de glucose, un dérivé du sucre obtenu à partir de végétaux. Les résultats sont prometteurs, on se réjouit de voir ce matériau appliqué à bon nombre d’objets et vêtements usuels.
Lorsque la brosse à dent est usée, Liebwerk préconise de casser la tête plutôt que d’arracher les poils de ses brosses-à-dent. En effet, il y a de petits crochets en acier inoxydable fixés à leur base, difficiles à retirer et qui pourraient finir au compost!
La brosse à dent en plastique recyclé
Autre variante, la brosse en plastique recyclé, dont on ne change que la tête.
Bioseptyl en propose une sympa : on démonte la tête et on ne remplace donc à chaque fois que 20% de la brosse, en insérant une nouvelle tête.
Selon les principes de l’économie circulaire, la brosse en soi est constituée de PP (polypropylène) recyclé, et la partie qui se détache, se recycle pour créer de nouveaux manches ou protège-tête. Ici aussi, les poils sont en Nylon-6.10, issu d’huile de ricin.
Bioseptyl d’ailleurs produit une brosse à dent en hêtre issu de forêts éco-gérées française. Le bois local prend de plus en plus d’ampleur!
Ou encore Lamazuna qui les produit en bioplastique français (toujours du Nylon à base de ricin) pour minimiser le bilan carbone, avec une tête qui se clipse (ou se déclipse) facilement.
Encore faut-il avoir près de chez soi un magasin qui les commercialise et surtout qui reprenne les têtes pour les retourner au fabriquant gratuitement. En France, certaines compagnies comme Lamazuna offrent le retour par la Poste, mais en Suisse le système ne s’adapte pas évidemment.
Ce type de brosses à dent à tête interchangeable est donc une excellente alternative, pour autant qu’on ait un revendeur à proximité de chez soi (épicerie vrac, magasin bio, pharmacie ou autre) qui reprenne les têtes de brosses à dent usées.
Le bâton de Miswak ou Siwak
L’alternative pour les puristes et les zero wasters en puissance!
On n’a plus de brosse ni de dentifrice, juste un bâtonnet de bois à frotter sur ses dents!
On l’apelle Siwak, Miswak, Souak ou Arak, il s’agit en fait d’une branche du Salvadora persica, arbuste moyen-oriental. Il s’agit d’une petite tige fibreuse que l’on frotte sur ses dents pour les nettoyer. Dans le monde arabe, on utilise cette technique depuis des millénaires. Totalement zéro déchet et naturel, il se suffit à lui-même, sans dentifrice : antimicrobien et blanchisseur, contenant minéraux, vitamines ainsi que de multiples substances bénéfiques pour la santé bucco-dentaire, il empêche les bactéries de se développer sur la plaque dentaire, lutte contre la mauvaise haleine et renforce les gencives. Ces propriétés liées à l’essence de ce bois se combinent à l’effet mécanique du brossage avec les fibres dégagées sur l’extrémité.
Et puis lorsque le Siwak est trop court pour être encore utilisé, hop au compost!
Vous avez déjà testé le Siwak ? On ne s’est pas encore lancées, mais si c’est votre cas, on serait curieux d’avoir vos impressions et retours!